Février 2022 - Jazz à babord (jazz-a-babord.blogspot.com)

Chronique de l'album Héliotropiques par Bob Hatteau

Au début des années deux mille, Christophe Lehoucq crée Alula, du plumage des oiseaux... Parmi ses inspirations, le saxophoniste et claviériste cite volontiers l’Ecole de Canterbury, les musiques orientales et africaines, le jazz européen, Gong et Hadouq. Après Anemokory en 2007 et Finis Terrae en 2016, Alula sort Héliotropiques le 3 octobre 2021.

Outre Lehoucq, le sextet de base est constitué de la chanteuse Swala Emati, du saxophoniste Philippe Razol, du guitariste Alex Stuart, du bassiste Gilles Sonnois et de Gérald Portocallis à la batterie. Dans Héliotropiques, au grès des morceaux, Alula invite également Didier Malherbe et son doudouk ou son khên, le tromboniste Sam Isaac, le claviériste Julien Lecomble, le percussionniste Georges Dieme et Grégoire Terrier pour ses effets électro. Héliotropiques s’articule autour de six thèmes de Lehoucq et cinq intermèdes librement proposés par Emati et Malherbe.

Cohérents avec leurs sources d’inspiration, les titres des morceaux évoquent le monde : du rite initiatique gabonais, « Banzi Iboga », à « Tubbataha », sanctuaire marin dans mer de Sulu, aux Philippines, en passant par « Biyadhoo », île déserte des Maldives, le temple cambodgien « Angkor », les plaines de sel - « Khadabsakar » - du Danakil, en Ethiopie, et les « Mwinda » (nom des interludes), la lampe en kikongo, mais aussi une référence à ce qui est lumineux. Héliotropiques se conclut sur « Résilience », une ode à la force de l’amour… Quant à la photo esthète de la pochette du disque, signée Lehoucq, elle représente le Deadvlei, dans le désert namibien.

Lehoucq soigne ses mélodies (« Biyadhoo »), le plus souvent entraînantes (« Khadabsakar »), comme le thème-riff « Banzi Iboga ». Alula s’appuie sur des rythmes puissants (« Angkor »), parfois binaires (« Banzi Iboga »), souvent dansants (« Khadabsakar ») et toujours percussifs (« Biyadhoo »), dans des ambiances poly-rythmiques (« Angkor »), éthio-jazz (« Biyadhoo »), descarga (« Résilience »)… Le sextet privilégie les mouvements d’ensemble plutôt que les exploits individuels : contrepoints (« Khadabsakar »), chœurs (« Tubbataha »), fanfare (« Résilience »)… sont servis par les envolées de la guitare en style rumba congolaise (« Banzi Iboga »), rock (« Résilience ») ou éthérées (« Angkor »), les chorus des saxophones tantôt mainstream (« Banzi Iboga ») et harmonieux (« Biyadhoo »), tantôt aériens (« Angkor ») ou shouter (« Résilience »), sans oublier les lignes effilées et boisées du doudouk (« Tubbataha »). Emati chante en anglais, espagnol et français. Sa voix chaude (« Banzi Iboga ») d’alto et ses modulations naviguent autant dans le flamenco (« Biyadhoo ») que dans la world jazzy (« Khadabsakar »). Les cinq « Mwinda » sont des tourneries, entre berceuses et prières, dans lesquelles les vocalises répondent aux phrases légèrement nasillardes du khên (orgue à bouche de l’Asie du sud-est), sur fond d’atmosphère extrême-orientale.

Alula propose un opus ouvert sur le monde et ensoleillé, le tire du disque annonce la température : Héliotropiques sera chaud ou ne sera pas !

NOVEMBRE 2021- JazzMania.be

ALULA : HÉLIOTROPIQUES par Yves «JB» Tassin

Un fameux voyage ! A l’énoncé des titres déjà ! De la forêt primaire gabonaise (« Banzi Iboga ») au site archéologique cambodgien de « Angkor », des plaines de sel éthiopiennes (« Khadabsakar ») au sanctuaire marin de « Tubbataha » dans l’Océan pacifique, au large des Philippines… Chaque prospection étant entrecoupée de courts interludes (les « Mwinda »). On enfile une bonne paire de chaussures de marche (ou un casque audio, au choix) et on se jette à corps et âmes perdus sur les traces de ces bouts d’ailes rassemblés en un sextet dirigé par l’alto-claviériste Christophe Lehoucq. Un sextet dans lequel la chanteuse Swala Emati (que l’on a entendue dans le groupe afrobeat des Frères Smith), fraîchement arrivée, semble tenir un rôle de premier ordre. Des mélodies ? Oui… tranchantes, avec des rythmes irrésistibles, de ceux que l’on peut entendre dans les clubs d’Addis-Abeba. Et bien plus loin, car il ne peut exister aucune frontière quand on éprouve ce plaisir du « je » qui se multiplie pour former ces ensembles. Un plaisir qui se prolonge bien au-delà des sept minutes pour chaque titre de ces « Héliotropiques » (comptez même un petit quart d’heure pour franchir « Angkor »). Puis on se prend à en rêver, de ce voyage, en admirer les paysages et les rencontres ondulées, y compris celle de Didier Malherbe, membre du légendaire groupe de rock progressif Gong, venu collaborer en connaissance de cause. Oui, se laisser emporter par les vents…

Août 2021 - Dragon Jazz Magazine
Chronique de l'album
Héliotropiques par Pierre Dulieu

Juin 2019 - Festival Jazz à l’évêché Orléans

Interview au JAM de Montpellier : cliquer ici